Introduction
Lorsque l’on veut faire des travaux, il est recommandé de faire réaliser un minimum de trois devis par des entreprises différentes afin de se faire une idée de l’ordre de prix réel du marché. Mais comment analyser ces devis, voire même les négocier ? Nous allons voir ici les bases de la constitution d’un devis et les éléments à prendre en compte dans leur analyse.
Notre méthode pour négocier un devis
Ce que comprend un devis
Le prix d’une prestation de travaux comprend le coût :
- des matériaux : il s’agit du prix de la matière première permettant de réaliser l’ouvrage. Ça peut être le parpaing et le ciment par exemple, ou le placo et les rails.
- de la main d’œuvre : il s’agit des salaires des compagnons. Le coût d’un chef d’équipe n’est pas le même que celui d’un tâcheron ou d’un simple manœuvre par exemple.
- de la marge de l’entreprise : il s’agit de la plus-value de l’entreprise pour son développement futur
- des frais généraux de l’entreprise : outillage, quincaillerie, services support, engins, encadrement du chantier etc.
- de la TVA : il s’agit de la Taxe à Valeur Ajoutée reversée à l’état que l’entreprise doit récupérer lorsqu’elle a affaire à des particuliers. Les entrepreneurs parlent souvent en HT (Hors Taxe) puisque pour eux cette rentrée d’argent ne leur appartient pas.
Ce qui influence les prix
Plusieurs critères influencent le prix d’un devis et sont autant de levier pour négocier. Nous allons voir ici ces différents critères.
Les matériaux prévus
Il existe toujours des tas de matériaux différents qui répondent globalement au même usage. Le choix des matériaux diffère selon le niveau d’exigence du client et les critères qui importent pour lui. Par exemple, pour une isolation thermique extérieur (ITE) d’un mur en façade, les matériaux choisis dépendront de l’épaisseur disponible, de la résistance thermique souhaitée, des propriétés hydrophiles ou pas de l’isolant, du type de fixation du parement, de la résistance à l’humidité, à la chaleur ou aux chocs du revêtement, de son origine bio sourcée ou pas. Etc.
Les métrés
Les métrés sont les quantités prévus, au ml, m2, forfait, à l’unité etc. Selon les travaux à chiffrer, l’unité ne sera pas la même. Il faut toujours vérifier les quantités pour s’assurer que la prestation chiffrée est bien adaptée à l’attendu. Que ce soit en plus ou en moins, sans être à l’unité près, c’est important d’être cohérent. Pour cela, il faut accompagner systématiquement sa demande de devis par un plan de repérage côté ou à l’échelle. Le dialogue est alors plus facile et cela évite des débats futurs. Aussi, il faut savoir si les quantités, notamment en m2, sont comptées en « vide pour plein » ou pas. Par exemple, pour du doublage placo, on compte en général en vide pour plein, c’est à dire sans déduire les surface des portes ou fenêtres. Cela permet de prendre en compte les retours en tableau ou la pose du châssis par exemple.
La mise en oeuvre
Il s’agit là du traitement des détails, du niveau de la qualité de réalisation ou d’assemblage. Par exemple, si je reprends le sujet de l’ITE, il peut s’agir du traitement en pied de façade (ITE enterrée ou en relevé de 15cm) ou du traitement des angles (baguettes PVC apparentes VS baguette alu invisible). Pour un meuble sur mesure, il pourrait s’agir des types de fixations : invisible ou pas, bois ou métallique, nombre de charnière par porte etc.
Les finitions
Il s’agit là de l’état de finition du produit. La question se pose surtout pour de la menuiserie bois, mais aussi pour du placo. Par exemple le prix du placo va varier selon qu’il inclut les joints ou pas, le ponçage ou pas. De même, pour des fenêtres bois, le prix ne sera pas le même si elle est juste prè-peinte ou peinte en trois couche et si les deux faces sont pareilles ou pas. Aussi pour de la ferronnerie, selon si elle est brute, peinte à la main ou thermolaquée, le prix ne sera pas le même.
Le type de travaux pour la TVA
Il existe plusieurs taux de TVA : en rénovation 10% ; pour de l’amélioration thermique et les travaux indissociablement liés 5.5% ; pour des travaux neuf 20%. Ainsi, sur un même devis, vous pouvez avoir des taux de TVA différents qui s’appliquent. Les taux de TVA réduits s’appliquent uniquement pour des travaux de simple rénovation, sur des habitations de plus de 2 ans, facturés par une entreprise. Une attestation est à remplir et à transmettre à l’entreprise pour qu’elle puisse appliquer ces taux réduits.
La disponibilité de l’entreprise
Selon la charge de travail de l’entreprise et son envie de travailler avec vous, ou pas, le devis peut varier. Si l’entreprise est en manque de travail, notamment dans le cas de jeunes artisans, les prix pourront être plutôt tirés vers le bas. A contrario, dans le cas d’une entreprise bien établie dont la charge de travail est déjà trop importante, si le chantier n’est pas assez important financièrement par exemple, les prix pourront être plutôt tirés vers le haut, parfois même très fortement. De même, si vous êtes très pressés, l’entreprise pourra gonfler ses prix en contrepartie de sa réactivité.
La localisation du chantier
Il s’agit là de l’influence des moyens d’accès et d’approvisionnement du chantier. En effet, les mêmes travaux ne couteront pas le même prix si le stationnement est aisé ou pas (centre ville VS périphérie), si les travaux se situent en étage ou de plein-pied, si l’accès au terrain ou au chantier est difficile (largeur d’accès, hauteur, sur rue ou sur cours) etc.
Les coûts cachés dans un devis
Des coûts supplémentaires peuvent être facturés de manière distincte ou inclus en coût caché dans le prix global du devis. Il est important d’en avoir conscience pour mieux négocier et affiner le devis.
Le transport du matériel
Le transport du matériel fait parti des coûts inhérents à un devis mais non identifiés. Selon la disposition du chantier, qu’il soit de plein pied ou en étage, qu’il donne directement sur rue ou sur cours intérieure, que la largeur d’accès permet le passage d’engins de chantier ou pas, les moyens de levage et d’approvisionnement ne seront pas les mêmes. On comprend vite que plus les accès seront compliqués plus les coûts seront importants.
L’évacuation des gravats
De même, la facilité de stationnement des bennes, leur proximité au chantier et un acheminement des gravats réduits (type goulotte ou fenêtre à proximité) permet de réduire les coûts.
Le traitement des déchets
Le traitement des déchets est un coût intrinsèque aux travaux. Il comprend le transport depuis le chantier aux centres de tris agréées et le traitement des déchets (tri, enfouissement, incinération, recyclage etc.). Les déchets peuvent être issus de la démolition s’il y a lieu mais aussi des chutes et emballages des matériaux de construction au cours des travaux.
La protection et nettoyage des abords de l’ouvrage
Aussi, la protection des abords et des existants conservés fait parti des coûts inclus dans une prestation de chantier. Le nettoyage de la zone de travail fait aussi parfois l’objet d’une valorisation spécifique.
Les plans et études d’exécution
Selon le type d’ouvrage, il doit parfois être fait des plans d’exécution. Il s’agit de plans détaillés explicitant la réalisation technique, la mise en œuvre et les dimensions précises de l’ouvrage. Ces documents sont pertinents pour vous assurer du rendu réel esthétique pratique et technique d’un ouvrage spécifique. Il peut s’agir par exemple d’un escalier ou d’une cuisine.
Les six astuces pour négocier un devis
Pour négocier un devis à la baisse, nous allons voir ici six astuces différentes.
Baisser le niveau des prestations
Il s’agit là de trouver des variantes économiques à une prestation sans pour autant en dégrader la fonction finale. Par exemple changer la marque d’un robinet pour une marque moins haut de gamme, choisir le plan de travail de la cuisine en résine plutôt qu’en granit, mettre de la moquette plutôt que du parquet dans les chambres par exemples, etc.
Pour cela, vous pouvez mettre l’entrepreneur ou le vendeur à contribution en lui demander des pistes d’optimisation économique, voire même jouer franc jeu en leur donnant votre budget maximal (quitte à le minimiser).
Demander les quantitatifs détaillés
Pour bien analyser un devis, il vous faut les « métrés », c’est à dire les quantitatifs en m2, ml (mètres linéaires), U (unités), Ft (forfait), Ens (ensemble) etc. Cela vous permet de vous assurer de la cohérence de ce qui est chiffré par rapport à ce que vous souhaitez. Ainsi, vous pourrez vous assurer que le nombre de m2 de faïence chiffrés correspond bien à votre salle de bain et aux murs que vous souhaitez faïencer.
On comprend donc l’importance de faire ses propres métrés pour pouvoir les comparer à ceux de l’entreprise, identifier d’éventuelle erreurs et s’assurer que les prix unitaires de la prestation sont cohérents et adapté. Cela vous permettra également de comparer les prix entre entreprises.
Détecter des incohérences
Il s’agit là de comparer des prestations similaires dans un même devis pour détecter des éventuelles incohérences de prix. Par exemple si une cloison de 10cm d’épaisseur coûte tant, il n’y a pas de raison que celle de 7cm coûte plus cher. Il faut alors questionner de manière transparente l’artisan pour comprendre ces écarts, parfois justifié.
Réduire les quantités ou supprimer des prestations
Lorsque le budget est vraiment restreint, il faut se résoudre à enlever les prestations non essentielles. Par exemple, plutôt que de faiencer toute hauteur et tous les murs de la salle de bain, on va se limiter à 20cm au dessus des lavabos et sur 2.10m de hauteur sur les quatre côtés de la douche simplement. L’idée est de se questionner sur ce qui est vraiment indispensable.
Il peut aussi s’agir d’une stratégie de phasage en se disant que certaines prestations pourront être faites dans un second temps, quelques mois ou années plus tard. Dans de la rénovation on peut par exemple décider de rénover la toiture dans un second temps ou dans du neuf de ne pas faire la terrasse de suite par exemple.
Proposer des facilités à l’entreprise pour lui simplifier la tâche
Une autre manière de négocier un devis est de proposer des facilités à l’entreprise pour lui simplifier la tâche. Il peut s’agir de s’occuper du transport du materiel ou de l’évacuation des déchets ou gravats. Ça peut être aussi de proposer de s’adapter à son planning pour qu’elle vienne sur votre chantier en temps caché par exemple, dans le cas de petit chantier.
Pour ce genre de négociation, il faut discuter avec l’artisan pour arriver à identifier les freins ou difficultés de votre chantier puis être force de proposition.
Demander une remise commerciale dans une démarche de partenariat
Ce type de négociation ne peut être fait que par le client – celui qui paie. Il s’agit de demander une petite ristourne, de 1 à 5% en général, dans un objectif de partenariat. Pour cela, il faut que vous soyez en mesure de pouvoir refaire appel à l’artisan en question.
C’est souvent le cas des promoteurs ou constructeurs de maisons individuelles qui vont parfois jusqu’à « saigner » les entreprises en négociant le plus bas possible les prix sous couvert de partenariat. Ces entreprises sont souvent dépendantes de ces promoteurs et tire leur prix vers le bas pour continuer à avoir des chantiers.
Le défaut de ce genre de négociation est que l’entreprise réduit tellement sa marge qu’elle n’a plus les ressources soigner les finitions et risque de bâcler son travail. Ne pas négocier permet de demander plus facilement pendant le chantier de menus ajustements ou finitions et de pouvoir être exigeant sur le niveau des prestations attendues.
Questions fréquentes
Est ce que l’architecte peut négocier pour nous ?
L’architecte ne négociera pas de remise commerciale à votre place. Ce n’est pas dans son intérêt ni dans l’intérêt du chantier de tirer les prix vers le bas sans raison. En effet, cela met dans une mauvaise disposition l’entrepreneur dès le début du chantier. Celui ci sera moins enclin à accepter de menues modifications et aura tendance à facturer les moindres travaux supplémentaires ou modificatifs demandés.
Cependant, dans le cadre d’une mission complète, l’architecte analysera tous les devis de votre projet et trouvera toutes les pistes d’économies nécessaires, en accord avec vous, pour s’assurer que votre projet respecte votre budget. C’est de son devoir de vous signaler tout écart entre vos demandes et votre budget.
pour aller plus loin
- Taux de TVA : https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F23568
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Dernière mise à jour le 7 avril 2023